Pour ce 22e décembre, un conte


 



Illustrations: Josée Masse
C'est la faute à Gabriel

Le Bon Dieu méditait, paisiblement assis à l'une des nombreuses terrasses du ciel.

«Enfin Noël, une journée de vacances, je vais en profiter pour écouter ma symphonie préférée».

Se penchant au-dehors, il vit que dans un coin de la terre, une femme se disputait avec le Malin. Rouge de colère, elle brandissait son poing sous le nez de ce dernier. Et lui tentait en vain de placer un mot. Le Bon Dieu fit venir sur le champ l'archange Gabriel et lui intima l'ordre d'aller séparer les deux belligérants. Arrivé sur terre, l'archange n'eut aucune difficulté à trouver son chemin, tant les bruits engendrés par la querelle étaient forts.

- Qui t'a permis d'entrer ainsi chez moi le jour de Noël?, hurlait la femme.

- Mais c'est vous qui m'avez appelé!, de relancer le diable.

- Hors d'ici, mécréant, fripon, marchand d'âmes, sinon tu auras affaire à moi! répliquait la dame.

Le diable et la femme eurent tôt fait de s'empoigner et de laisser libre cours à leur fureur. L'archange Gabriel, toujours aussi impulsif, ne trouva qu'un seul moyen de régler le conflit. Saisissant sa grande épée, il leur trancha la tête. Le calme étant revenu, il remonta tranquillement au ciel avec le sentiment du devoir accompli.

Malheureusement, quand il se présenta devant le Bon Dieu, il eut droit à un tout autre son de cloche.

«Je t'avais donné comme mission de régler leurs différends en cette journée de Noël et voilà ta solution? Retourne sur-le-champ d'où tu viens et répare tes dégâts!».

L'archange Gabriel, la tête entre les ailes, s'exécuta. De retour sur terre, il replaça les têtes sur les corps mais, ô misère, ô malheur, il ne se rendit compte que trop tard de son erreur.

Voilà peut-être pourquoi, depuis ce temps, les méchantes langues (surtout des hommes), prétendent qu'on ne sait toujours pas si c'est le diable qui a visage de femme ou si c'est la femme qui a le diable au corps…

Adapté par Rémy Caset, des Parfaits Salauds